[Récit + liste] Azerty + Hervé27 : 1ère Manche (GR223) / Retours du terrain (2024)

COTENTIN - GR223 de Lessay à Cherbourg - 137 km - D+ 1 900 m - 24 - 25 - 26 janvier 2020

Cela faisait longtemps qu'azerty et moi cherchions à nous confronter tous deux sur des rythmes plus intenses que les sorties "organisées" du forum. Nous goûtons bien ces dernières, mais force est de reconnaître que leur objet n'est pas de "tirer sur la machine", car elles doivent rester ouvertes à des niveaux et des envies variés.

Difficile d'y programmer plus de 20 km par jour sans y perdre des participants, alors que c'est la diversité qui fait la richesse de ces sorties. Pas possible donc de proposer sur le forum les sorties (un peu) engagées dont nous rêvions. Naturellement, à chacun sa conception de l'engagement : pour azerty et moi le seuil s'évaluait à 50 km (ou kilomètre -effort) par jour, en mode répétitif. Pour certains, c'est inatteignable, alors que pour d'autres c'est de la gnognotte ...

Un sujet régulier de discussions entre nous était donc de s'organiser un de ces quatre une sortie à 3 x 50 km, histoire de mesurer notre capacité à enquiller les grosses journées, et à mesurer alors nos points de faiblesse éventuels, ou nous mettre en confiance dans nos projets respectifs futurs. L'an dernier avec Guichen nous nous étions offert une sortie Suisse Normande de 100 km sur 3 jours, et on avait senti qu'il nous en restait sous le pied. Nous avons donc cherché, trouvé et concocté un itinéraire accessible en hiver, permettant de tester à la fois le physique et le matériel. Pour azerty beaucoup de nouveau matos à apprivoiser, tandis que pour moi il s'agit plutôt d'une recherche des limites de ma configuration 3 saisons.

Afin de gérer les horaires de retour dans nos pénates le dimanche soir, nous avons ajusté le programme à 140 km, sur le mode 50 + 50 + 40. Nous étions raccords sur des départs matinaux (lever 6h00), ~10h de marche effective par jour (donc imposant de marcher au moins 2 h de nuit en cette saison), des pauses selon un découpage approximatif de 4h + 2h + 2h … L'inconnue était nos cadences de marche respectives, et pour azerty une certaine crainte liée à la bobologie (j'étais pour ma part largement rassuré sur ce point par mes dernières itinérances). Le Cotentin s'est imposé en destination car à mi-chemin de nos résidences, ainsi que par la douceur océanique et les dénivelés non négligeables qu'offrent les littoraux un peu escarpés. Bref, un excellent terrain d'entraînement en cette fin janvier...

J0 : jeudi 23 janvier

Après chacun un peu de route, nous nous sommes donné rendez-vous à Carentan où je gare ma voiture pour embarquer dans le van d'azerty. Il est 20h30, nous prenons l'option "restaurant le plus proche" : pas forcément très bon marché et se voulant un peu haut de gamme, ma tenue rando (en short le soir avec 4°C dehors) détone avec les lieux … Volaille pour l'un et poisson pour l'autre. Mon choix de dessert aux 3 chocolats est une tuerie !

On se décale ensuite vers Lessay dans le van d'azerty, pour dormir dans le véhicule sur un petit parking enclos et discret à côté de l'abbatiale. C'était oublier les cloches (pas nous, celles de l'édifice religieux) qui sonnent les heures et nous maintiennent éveillés, histoire de ne pas rater l'heure du départ ...

J1 - 24 janvier - de Lessay aux Dunes d'Hattainville - 50 km -D+ 200 m

Au 6ème top "booonnnng" nous remballons les sacs, et après un thé (azerty) et un café (moi), nous voilà en route à la nuit à 6h40, 2 h avant le lever du soleil à cette saison.

Un peu d'éclairage public, un peu de frontale, un peu de vision nocturne … azerty constate à ce moment que la loupiote qui lui sert de frontale n'est pas chargée, le moment est bien choisi car nous marchons à ce moment le long de la route départementale.

Nous traversons la campagne et quelques forêts de pin, avant de déboucher sur l'estuaire de l'Ay et le bâtiment du "Corps de Garde" en bord de marécage, violemment éclairé par une paire de projecteurs, en tout cas pour nos yeux ayant marché dans l'obscurité. Le jour se lève peu à peu et nous commençons à faire des images …

1ère rencontre de l'environnement dunaire en faisant le tour de la Pointe du Banc, avant d'accéder enfin au littoral. Nous choisissons aussi souvent que possible de progresser par la plage plutôt que par le GR proprement dit, lequel traverse souvent les lotissem*nts de vacances ou de résidence. Autre avantage : le cordon dunaire à notre droite nous protège du vent d'Est et limite la chute de la température ressentie (0 ou 1°C en plein vent, pas plus de 4 ou 5°C autrement).

1ère pause après 20 km et 4 h de marche dans le cimetière de l'Eglise de Surville. Un petit préau nous offre l'eau et un abri du vent, et se trouve fort judicieusem*nt agrémenté d'un WC … Particularité de cet itinéraire du GR223 : la profusion de toilettes publiques permettant ravitaillement en eau et déballastage, en toute intimité et sans mauvaise conscience.

Hervé27 : en tout cas le plaisir d'une boisson chaude est décidément irremplaçable : ce n'est pas de sitôt que je renoncerai à mon petit réchaud alcool ...

Les plages se succèdent ensuite et, à l'approche de Port-Bail, nous envisageons de franchir l'estuaire de l'Olonde en profitant de la marée basse. Il n'y a que 50 m de sables et limons entre la pointe de dunes où nous nous trouvons et la digue du port, mais la rivière s'y écoule avec une profondeur indéterminée, peut-être 50 cm, peut être plus, le courant charrie trop de sable pour que l'on puisse apercevoir le fond. Finalement la motivation pour s'immerger et potentiellement s'envaser a raison de notre témérité, et nous procédons au contournement de l'obstacle (2.5 km tout de même). Les vues de l'estuaire depuis le sommet des dunes valaient néanmoins bien ce détour obligé.

Nous arrivons à Port-Bail avec un rayon de soleil bien agréable , et nous avisons le mur de l'église bien exposé face à l'estuaire pour une pause déjeuner.

Hervé27 : J'en ai d'ailleurs profité pour tester l'association de mon panneau solaire TomTop avec une powerbank de 4 000 mAh qui trainait dans un tiroir, histoire de voir si elle répond bien aux faibles lumières : cela semble être le cas …

Comme de juste le soleil se cache vite et, bien que protégés du vent, nous aurons un peu frais et ne serons pas incités à prolonger la pause. Le redémarrage après nos premiers 30 km et des muscles refroidis est un peu laborieux, mais la remise en température finit par se faire.

Nous continuons de suivre les cordons dunaires, avant d'obliquer et traverser les lotissem*nts de Barneville Plage, et entreprendre la traversée de Carteret. Cette première journée tire à sa fin et il nous faut envisager le bivouac : après un point d'eau public dans lequel même nos bouteilles de 50 cl étaient trop grandes pour bénéficier du robinet, nous faisons halte dans une boulangerie pour nous y offrir quelques menus plaisirs. Quémandant un peu d'eau à la boulangère, azerty s'entend répondre qu'elle n'est pas bonne (l'eau)... ce qui n'empêche pas de faire le pain avec ... Pour un peu nous aurions rendu nos pains au chocolat.

Au final ce sont les WC de la Gare Maritime qui pourvoirons à nos besoins.

Le Cap de Carteret nous offre notre premier environnement rocheux. Une vieille bâtisse aux allures de cellule pénitentiaire à l'aplomb de l'océan nous fait de l'oeil pour un potentiel bivouac.

Nous poursuivons cependant encore vers le sable des dunes d'Hattainville. L'environnement de ces dunes semi-végétalisées est magique, et c'est pile à l'heure du coucher du soleil (invisible dans les brumes océaniques) que nous trouvons l'emplacement idoine. J'opte pour le couvert de grands ifs, tandis qu'azerty préfère le terrain découvert et un gazon moussu entouré de terriers de lapins. Il doit surtout faire avec un tarp 3mx3m qu'il est plus difficile de caser entre 2 arbres.

Hervé27 : dîner adossés à 2 grands arbres : pour le max de confort je suis assis sur mon arkmat et j'ai enfilé le SOL Escape Bivy. Au menu, délice de semoule et soupe, mais on y ajoute une tuerie de camembert et des chocolateries en tout genre.

Hervé27 : Un léger filet d'air descend le vallon et optimise l'aération de mon pioulou niché sous les arbres (montage au maximum de hauteur et de ventilation que permet mon bâton). Pour optimiser mon confort je me concocte une bouillotte avec ma bouteille d'eau de 50 cl : pour éviter de faire fondre le plastique à l'eau presque bouillante, j'y laisse un fond d'eau froide et complète par ~25 cl d'eau chaude. Une heure garantie de boostage du duvet ! Je renouvelle l'opération à 1h du matin, mais bizarrement j'y trouve moins de valeur ajoutée qu'à l'heure de me coucher. A noter que j'avais prévu d'utiliser ma Platypus 1 litre à cet effet (après un test positif à la maison), mais à l'arrêt ravitaillement en eau à Carteret elle s'est mise à fuir à la soudure de l'embout du bouchon… Je suppose que mon test à la maison l'a déformé, mais que cela ne se manifeste que maintenant après refroidissem*nt et que l'eau a fait son chemin. Une platypus foutue, c'est la première sur les 3 que j'utilise.

J2 - 25 janvier - des Dunes d'Hattainville au Hameau Mouchel - 47 km - D+ 700 m

Etrangeté de cette nuit dans les dunes : un silence absolu ! Pas entendu le moindre bruit d'animal, pas même un cri d'oiseau nocturne. C'en était presque inquiétant.

Hervé27 : Pour moi la nuit fut parfaitement sèche (pour une fois !), mais le tarp d'azerty 10 m plus loin à découvert est mouillé intérieur / extérieur. J'avais fait un montage très haut et aéré, portes en auvent. Isolation thermique au sol (sable humide) un peu faible, c'est toujours là que ça pêche ... mais globalement nuit très correcte par rapport à d'autres.

azerty : sous le tarp la nuit a été plus fraiche. Le montage dos au vent, à ras du sol et face à la mer fut propice à la condensation. Sans savoir exactement pourquoi, sans doute l'habitude de dormir à plusieurs dans ce grand tarp, je me suis installé sur le coté et donc au contact de la paroi alors que ce n'est pas la place qui manque. Ensuite cette sortie était l'occasion de tester toute une série de nouveaux équipements (quilt, matelas et polycree) mais à bien y repenser est ce que c'est bien malin de tester tout cela au mois de Janvier ? Donc entre la condensation, le matelas qui glisse et le quilt qui se fait la malle, oui, la nuit fut fraiche.

Réveil à 6h00, départ à 6h40 sans petit déjeuner

Hervé27 : j'ai triché sur l'horaire et me suis chauffé un café sous la tente à 5h45. On part ventre creux, mais pour moi c'est une habitude, en tout cas sur des sorties courtes.

A la nuit et à la frontale la progression dans le dédale des dunes d'Hattainville serait trop hasardeuse et lente. Nous reprenons donc l'option du GR223 par route et piste d'Hattainville à Surtainville, où nous rejoignons la plage à l'heure du lever du Soleil.

Il fait moins froid qu'hier matin, le vent reste faible mais a tourné Sud, signe d'approche de la dépression que nous annonçait la météo avant le départ. Heureusem*nt elle s'est décalée par rapport aux prévisions initiales, et le gros du mauvais temps ne nous menace plus que pour demain dimanche en milieu de journée. Pour l'heure nous sommes chanceux, la journée s'annonce lumineuse.

Nous abordons le franchissem*nt de la Pointe du Rozel, pour enfin tâter du rocher du bout de nos chaussures. Après un court arrêt photo / vidéo à Maris Stella en haut du Cap, le sable est vite retrouvé de l'autre côté pour la traversée de l'Anse de Sciotot, que nous effectuons en mode direct par la plage plutôt que par le détour du GR223 par le village du Rozel.

Le second passage en falaise est celui du Cap de Flamanville, très plaisant. Une halte café / thé / grignotage / séchage s'organise autour de tables de pique-nique à hauteur du Coquet. Le soleil hésite à s'affirmer et, si le vent améliore la performance du séchage, il ne nous incite pas au lézardage ... Bon à savoir, il se trouve à peine plus loin un gîte / refuge, à hauteur de la Pierre au Rey, installé dans le bâtiment d'un ancien sémaphore : vue imprenable !

S'ensuit le contournement de la Centrale de Flamanville via les petites routes de campagne. Quand la centrale est hors de vue les hameaux sont plaisants et typiques du massif armoricain. Nous descendons sur le Port de plaisance de Diélette, dont les aménagements lui permettant de rester en eaux profondes à marée basse nous paraissent démesurés. Il faut croire que les communes alentours sont riches de l'activité nucléaire : elles auraient tort de se priver !

Le Soleil se montre maintenant franchement, et toute la plage de l'Anse de Vauville se dévoile à nos yeux. Nous cédons à la tentation de tirer tout droit par la plage pour couper tous les détours du GR223 derrière le cordon de dunes. Cette remontée plein Nord, idéale pour recharger nos batteries grâce à un Soleil généreux dans notre dos, s'avère cependant bien fatigantes pour nos pieds ... Nous avons visuellement totalement sous-estimé la distance à parcourir : plus de 8 km quand nous n'en envisagions que moins de la moitié ... Moi qui vantait les charmes du Te Araroa et de "Ninety Miles Beach", l'idée de marcher sur le sable et sur 90 km (et oui, "90 miles Beach ne fait "que" 90 km ... pour toute réclamation, adressez-vous à celui qui l'a mesuré et nommé ...) devient soudain moins attrayante.

Arrivés à hauteur de Vauville, le mur d'un blockhaus nous sert de dossier pour une nouvelle pause et une bonne aération / relaxation podo-logique. L'heure avance, et il est maintenant temps de se mettre en configuration de recherche de bivouac, avec au premier chef l'obligation d'une recharge en eau. Cela nous contraint à revenir un peu en arrière vers le village de Vauville, que nous avions dépassé, pour y bénéficier une fois de plus de toilettes publiques bien utiles.

Par une alternance de chemins de falaise et de petites routes nous progressons en direction du Nez de Jobourg, tout en cherchant à projeter et optimiser notre itinéraire en fonction des besoins du bivouac et de la distance de l'étape de demain, laquelle doit viser d'être à Cherbourg pour 16h30 au plus tard et y rattraper le train que nous visons.

La promenade est bien belle dans cette lumière du soir, mais une brume marine se profile devant nous et les températures chutent vite, d'autant que le vent a commencé à forcir avec un petit 30 km/h … C'est à allure soutenue que de bien jolis sites défilent sous nos pas : le Petit Port du Houguet, les bien nommés Treize Vents, l'Anse des Moulinets … le tout à l'aplomb de l'Usine de retraitement de la Hague … invisible jusqu'à ce que nous franchissions la conduite qui en évacue les eaux faiblement radioactives vers l'océan. Azerty devient fluorescent dans la nuit tombante, ça économise les batteries des frontales.

Le jour descend en effet vite, et même si nous sommes un instant disposés à un petit trip nocturne jusqu'au Nez de Jobourg, la raison s'impose et nous remontons vers le Hameau Mouchel, tout en lorgnant les prés en bord de chemin. Nous cherchons la combinaison idéale d'un terrain plat, qui ne soit pas gorgé d'eau, protégé des vents de Sud et d'Ouest, permettant un départ facile à la nuit …

Une fois sur le plateau et aux abords du hameau, nous longeons la route quelques minutes avant (chut !) d'enjamber la barrière d'un pré et longer les haies jusqu'à trouver la configuration idéale : l'angle d'un muret / talus coiffé d'une haie, nous protégeant efficacement des vents de Sud et Ouest. Il est tombé quelques gouttes depuis tout-à-l'heure, et si les herbes sont un peu hautes à notre goût et mouillées, le sol n'est pas boueux. Nous plantons les abris à la frontale, pour partager le dîner plus ou moins mal assis à l'entrée du tarp d'azerty. Nous parvenons enfin à finir un certain camembert de Normandie qui odorait bien dans mon sac, malgré sa boîte et le ziplock où je l'enfermais ...

Les températures sont relativement douces et nous craignons l'humidité bien plus que le froid. Bien vite les limaces viennent se promener sur ma toile : chic, des protéines !

J3 - 26 janvier : du hameau Mouchel à Cherbourg - D+ 1 000 m

Plusieurs averses viennent crépiter sur nos toiles durant la nuit. Elles n'étaient pas prévues (ou alors c'est que nous avions mal lu …). Pas grave, nos abris ne fuitent pas ...

Réglés comme des coucous suisses, nous sommes une fois de plus debout à 6h pour décoller à 6h40. Le temps est doux avec quelques percées étoilées par-delà la brume marine. Si nous rencontrons un peu de vent en direction du Sémaphore de la Hague, il n'est pas encore trop violent (+ de 85 km/h annoncés pour l'après-midi). Pas question de suivre les falaises dans le noir, c'est par la route que nous rejoignons le Sémaphore et le GR223. Les contraintes du bivouac et des quotas de marche que nous nous étions fixés nous auront donc fait manquer quelques sites emblématiques depuis notre départ : la traversée des Dunes d'Hattainville et tout le tronçon du Nez de Jobourg au Cap de la Hague : pour une autre fois ?

Ni azerty ni moi ne connaissions les lieux et sommes pris de court par le fait que le chemin est désormais littoral (je veux dire : coincé entre les champs et la plage), et non pas en falaises comme nous l'avions imaginé. Cela apporte encore plus de diversité à ce très bel itinéraire.

Tandis que le jour se lève, d'une pâture à l'autre il nous faut enjamber des murets garnis de marches, garants de la garde des vaches, moutons et autres herbivores dans leurs périmètres respectifs. Ici et là le GR est rongé par l'océan, et a été décalé dans le champ. Il faut parfois affronter un peu de boue, mais ce n'est jamais trop méchant. La marée est haute et l'eau clapote à quelques mètres … Les sons m'évoquent une promenade littorale en Corse, de Tizzano à Campomoro.

Maintenant sur le littoral Nord nous sommes protégés du vent par les terres, et nous n'affrontons aucune pluie jusqu'à midi, dans des températures très douces. En dehors des terminus de route où nous croisons des routards qui ont dormi dans leur van, ainsi qu'une poignée de pêcheurs solitaires, nous ne croisons pas la foule en ce dimanche matin.

Le premier havre de civilisation est Port Racine, avec sa minuscule jetée en faucille qui protège une poignée de barques de pêche. Lorsqu'il emprunte la plage, le GR sollicite de nouveaux muscles lorsqu'il nous faut tenter de maintenir l'allure en nous enfonçant dans un lit de petit* galets.

A la pointe Jardeheu, l'ancien sémaphore est aujourd'hui un gîte, mais à regarder les tarifs et les prestations il vaut mieux parler d'hôtellerie … Nous râlons quelques instants sur le fait que cet élément de domaine public a été de fait vendu avec son littoral : le GR coupe la pointe et ne suit pas le rivage … Situation similaire un peu plus loin après le Port du Hâble, où nous remontons en falaise en quittant le littoral au niveau du Fort, maintenant résidence avec vue imprenable. Petite grimpette au-delà de laquelle nous découvrons une belle perspective de pentes de fougères et genêts tombant dans l'océan. Je repense à Belle-Île ...

C'est dimanche et nous croisons sans excès quelques promeneurs, joggeurs, photographes … Quelques bâtiments abandonnés entourés de surfaces herbagées nous donnent des idées de bivouacs futurs. Les pentes sont sillonnées de ruisseaux, l'eau ne manque pas (si on la filtre …).

Alors que la lumière s'assombrit, signe que la pluie n'est plus très loin, nous anticipons la pause à une table de pique-nique. Pas besoin de faire sécher les affaires en ce dernier jour de la sortie, nous priorisons l'assèchement des réserves plaisir de nos sacs. Un joggeur nous incite à mettre du calva dans le café, c'est meilleur. Il aurait pu nous en refiler, le bougre, au lieu de courir comme ça au loin !

C'est à midi qu'une première petite ondée nous rattrape, pas bien méchante. De toute façon nous marchions tous ces jours-ci avec nos vestes de pluie comme coupe-vents, il n'est donc pas nécessaire d'ajuster nos tenues. La vraie dégradation reste annoncée pour 16h : tout va bien, nous serons sans aucun doute à Cherbourg à cette heure-là. Pas synchrones sur ce coup-là, azerty et moi sommes successivement et alternativement en recherche de toilettes publiques le long du chemin.

Le dernier tronçon un tantinet "nature" (enfin, presque pas urbanisé) entre Urville-Nacqueville et la pointe de Querqueville (Centre d'Instruction Navale) est vite franchi. La pluie et le vent sont plus forts lorsque nous contournons l'enceinte militaire par la promenade littorale, jusqu'à nous engager quelques mètres sur la Digue de Querqueville. Nous devisons sur les travaux titanesques qu'ont exigé l'enclosure de la rade de Cherbourg par cette digue, lesquels ont duré 80 ans (!), depuis le début du règne de Louis XVI et achevés sous Napoléon III. A vocation éminemment militaire, ce chantier pharaonique avait pour ambition de permettre la présence de la Royale en eaux profondes en plein milieu de la Manche, sans répéter l'humiliation subie sous Louis XV avec l'enfermement et le pourrissem*nt dans le Golfe du Morbihan face au blocus de la marine anglaise.

A la Cité Dixmude, entrée de l'agglomération cherbourgeoise, une large boulangerie / salon de thé nous offre ses tables, ses confortables fauteuils et sa chaleur pour nous offrir (façon de parler, on a payé quand même) ses petit* plaisirs chocolatés.

Cette agréable pause a été suivie d'un redémarrage poussif, pour de long kilomètres urbains sous une pluie intermittente et avec un vent désagréable pour rejoindre la gare, avec plus d'1/2 heure d'avance sur notre train (zut, j'aurai bien repris café et croissants !). La suite n'est que logistique, avec 1/2 heure ferroviaire pour retour à Carentan, d'où je voiture azerty jusqu'à son van laissé à Lessay. Je le laisse là et chacun part retrouver sa chacune, l'un en Bretagne, l'autre au bout (enfin, l'autre bout) de la Normandie.

liens vers les vidéos relive :

jour 1 - https://www.relive.cc/view/vPOpW7JDkRv
jour 2 - https://www.relive.cc/view/v1OwM7d5nXq
jour 3 - https://www.relive.cc/view/v26M8D4jVEO

carte umap du parcours : http://u.osmfr.org/m/412226/

Conclusions :

azerty :

J'ai abordé cette sortie avec plusieurs angoisses. et oui, un sac lourd est un sac bourré d'angoisse , mais un sac léger aussi ....

Mes dernières sorties sur des distances approchant les 40 km quotidiens m'ont infligés pas mal de bobos aux pieds et des irritations très douloureuses. Sur ce dernier point seulement je pense avoir trouvé une solution. Les pieds ont tenu toute la première journée sans problème, mais la grande ligne droite sur la plage au milieu du deuxième jour a réveillé les douleurs tant redoutées sous la plante des pieds ainsi qu'au genou droit. Ces douleurs vont persister et s'amplifier jusqu'à l'arrivée à Cherbourg.

Concernant la température, je redoutais réellement d'avoir froid tout du long, jour et nuit. J'ai fait le choix de rester en short mais j'ai complété ma tenue de marche par un TSML de running par temps froid sous ma polaire légère. Choix judicieux car je n'ai pas souffert du froid mais le peu de dénivelés rencontrées ont suffit à me faire transpirer rapidement. trop chaud, trop froid, vivement la tenue climatisée. Bonnet , tour de cou et gants légers ont été bien utiles mais j'ai quand même pu les retirer en milieu de journée. J'avais pris une doudoune et je suis surpris car je l'ai à peine utilisée une heure. Si je peux m'en passer en janvier alors je peux définitivement la retirer de ma liste.

Comme ça a déjà été dit plus haut le vrai challenge concernant la température a été de faire connaissance avec mon nouveau système de couchage par nuit fraiche. Et de découvrir sur le tas que quand on se retrouve en chien de fusil avec un quilt c'est que l'on a le c*l dans les courants d'air. On apprend donc à accompagner le duvet lors de tous nos mouvements. J'avais fait ce choix risqué pour une première sortie de ne pas prendre les 3 sangles pour le fixer sur le matelas. A part ces quelques soucis de débutant qui ont rafraichi ma nuit je ne peux pas dire que j'ai eu froid sous mes 300g de duvet, j'étais habillé d'un collant fin, d'une paire de chaussettes et je conservais en haut mon TSML merinos, ma polaire et mon bonnet. J'ai souvent froid aux pieds au bivouac mais cette fois rien. Même la seconde nuit où le polycree a glissé et où le fond du duvet était tout mouillé dans l'herbe.

Le froid, les bobos, et la dernière inconnue était de suivre la cadence imposée par le collègue, toujours sur le rythme de sa traversée des Alpes à l'été 2019. Il dit qu'il saute des repas mais la vérité c'est qu'il mange des kilomètres toute la journée. On se rassure comme on peut, sur les vidéos je suis toujours devant [Récit + liste] Azerty + Hervé27 : 1ère Manche (GR223) / Retours du terrain (20)

Plus sérieusem*nt sur ce type de sortie un peu exigeante c'est important d'avoir une approche similaire, d'être raccord sur le rythme, les heures de lever et de départ, le nombre et la durée des pauses, le choix des bivouacs, etc. Tout cela s'est fait (il me semble) sans avoir à négocier, tergiverser ni argumenter outre mesure. j'appréhendais un peu, quand on tire sur la machine on devient moins lucide, moins patient, moins à l'écoute, et la moindre frustration ou contrariété pourrait donner lieu à des tensions. J'ai été ravi de constater que tout s'est décidé plus ou moins rapidement et naturellement, jusqu'au choix des boulangeries.

à refaire.

Hervé27 :

Physique au rendez-vous, les journées à 50 kmE et + ont été mon quotidien l'été dernier, mais c'est toujours bon de le vérifier. Content que les grandes enjambées d'azerty ne lui donnent pas un trop gros avantage, on a réussi à garder le même rythme tous les deux. De toute façon, on marche toujours plus vite seul qu'à plusieurs, la présence d'un binôme est donc a priori reposante à condition que le niveau physique soit similaire … et c'est le cas.

Pour le matériel des réflexions sur 3 postes :

L'abri : Xavier de Tipik m'avait refait en décembre l'étanchéité de l'ensemble, et les averses reçues lors de la dernière nuit ne m'ont absolument pas inquiété. J'apprends à limiter la condensation (pas compliqué, faut ventiler suffisamment), et je n'hésite plus à monter l'abri aussi haut que possible, et à laisser les portes ouvertes en les fixant en auvent.

Le couchage : j'ai matière à améliorer mon isolation thermique au sol, peut-être tout simplement en rallongeant mon arkmat. (120 cm au lieu de 80 ?). Pour les nuits froides ou humides aux limites du 3 saisons, je chercherai aussi une petite gourde souple de 0.5 à 1 litre, qui résiste à l'eau chaude et puisse servir de bouillotte en offrant plus de surface qu'une petite bouteille, pour mieux diffuser la chaleur.

Panneau solaire : certes avec une excellente orientation durant la marche, le panneau a fort correctement chargé mon téléphone et la powerbank de 4 000 mAh "sortie d'un tiroir". Bon à savoir pour les sorties où je souhaite embarquer un peu plus de réserves.

Chaussures : de plus en plus content de mes Scarpa Mescalito. Elles ne se mouillent pas facilement, et quand c'est le cas le gros de l'eau est évacué rapidement et la sensation d'humidité disparait vite (ça ne dispense pas de sécher les chaussures, mais c'est quand même moins désagréable). Leur durabilité se confirme, puisque les 1 000 km sont franchis sans usure inquiétante. Pour le renouvellement je testerai la version "knit" (tissée), plus légère de 50 g par chaussure, et sans doute encore plus respirante.

Même si ça n'a pas été un point critique de cette sortie, je dois chercher une combinaison sous-gants chauds / sur-gants imper-respi satisfaisante (actuellement une seule grosse paire pour ces deux fonctions, et j'ai trop vite froid aux doigts).

A quand la suite ?

PS : d'accord ça fait trois fois qu'on les voit en photos, mais sérieusem*nt, vous aviez déjà vu ça vous des chocolatines double barre ??? une tuerie [Récit + liste] Azerty + Hervé27 : 1ère Manche (GR223) / Retours du terrain (23)

EDIT : ch'tite vidéo

"Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé et s'appelant azerty et Hervé27 ne saurait être que purement fortuite et de l'ordre de la coïncidence et du hasard. Les séquences d'action de ce film sont dangereuses. Toutes les cascades ont été réalisées par des professionnels. Ne tentez pas de les imiter. Pour votre santé évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé."

EDITs :
- typo
- lien vidéo

Dernière modification par Hervé27 (28-01-2020 15:17:05)

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Author: Laurine Ryan

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